Je t’écris du plexus solaire...

   Je t'écris du plexus solaire, exactement -

puis de la gorge, comme s'il était presque midi.

 

 

   Ma tête d'aujourd'hui - grands pins noirs,

jappements d'outardes, au-dessus de toi.

 

 

   Avant de tordre les fruits, les journaux, avant

la pâte du langage, c'est imprégné du sucre de la

veille que je te retrouve, ébahie.

 

 

   Vagabondant dans la féerie générale du salon,

nous voilà débusqués, les doigts plein de halos.

 

 

   Dans le débordement de ce qui recommence,

nos têtes se hissent les temps se confondent -

la bouche se remet à rêver.

 

 

   Le bois qui brûle fuse derrière - sortons, fille,

dehors brille gazon.

 

 

   Tôt le coeur net, avant les moteurs les châssis

maquillés tu babilles - c'est l'heure qui précède

le rire du jour, madame.

 

 

   À l'envers rhabille le matin jaune moutarde,

griffé tourne samedi.

 

 

   Mais quelles langues parles-tu?

 

   À t'entendre je suis cheval, bourdonnement,

une molécule qui fonce à la chambre, une image

future - ton secret.

Référence bibliographique

François Turcot, «Je t'écris du plexus solaire...» Le Livre blond, La Peuplade, 2016, p. 11-12-13. 

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